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Rencontre avec Sahé Cibot, septième et dernier épisode
 29 Janvier 2013, 00:00   linksky   Article

Il est temps de conclure cette semaine de discussion autour de la J-music en France. Nous terminons cet entretien avec Sahé Cibot par des échanges autour du concert de Kyary Pamyu Pamyu et de la problématique des fans. Et si vous découvrez seulement maintenant cette rencontre avec cette actrice importante de la J-music en France, les partie précédentes publiées au cours de la semaine sont disponible via les liens du sommaire ci-dessous.

Sahé Cibot


Il est temps de conclure cette semaine de discussion autour de la J-music en France. Nous terminons cet entretien avec Sahé Cibot par des échanges autour du concert de Kyary Pamyu Pamyu et de la problématique des fans. Et si vous découvrez seulement maintenant cette rencontre avec cette actrice importante de la J-music en France, les partie précédentes publiées au cours de la semaine sont disponible via les liens du sommaire ci-dessous.

Lundi:Présentation, récapitulatif de son parcours.
Mardi:Point sur Nolife et sa vision des médias.
Mercredi:L'évolution de la J-Music en France, la place de la K-Pop.
Jeudi:Organisation d'évènements en France.
Vendredi:Les idols en France.
Samedi:Les... johnny's en France (mais on a continué sur les idols, comme promis).
Dimanche:Conclusion autour des concerts de Kyary Pamyu Pamyu.
En route vers la conclusion, la parole est à notre interlocutrice, qui nous informe alors de la tenue des concerts de Kyary Pamyu Pamyu... Note : Cet entretien s'est tenu en fin d'année passée, d'où un certain décalage avec le dit concert de l'artiste qui s'est déroulé le mois dernier.


S.C : Vous avez dû voir que Kyary Pamyu Pamyu a annoncé une tournée avec une date en France et une en Belgique, nous en sommes les organisateurs. Le concert à Paris sera à La Cigale, on en est particulièrement content, c’est une belle salle. Ce sera d’ailleurs la première fois qu’on fera un concert d’artiste japonais à La Cigale, j’espère vraiment que cela va être un bon concert (nous laissons de côté les discussions sur la Belgique, le choix de la salle n’étant pas fermement établi à l’époque, ndlr). Voilà, Kyary Pamyu Pamyu, c’est encore un travail différent parce que pour le coup, c’est une chanteuse avec des danseuses, ce n’est pas que de la musique mais plutôt transverse avec la mode. Il y a aussi un côté un peu barré qui va au-delà de la musique, c’est vraiment un concept en soi. Nous voulions l’annoncer en même temps que le management de l’artiste, mais ils sont très pris et il fallait conclure avec eux les derniers points contractuels avant toute chose. Parce que si l’on annonce et qu’on se rétracte, ou que cela ne peut se faire exactement dans les conditions évoquées, c’est un peu la “loose”...

Pour les idols, les dates en Europe ne sont en général pas pleinement annoncées comme “intégrées” à la tournée japonaise, qui deviendrait internationale. Pourquoi cet état de fait alors que cela peut l’être pour des groupes comme l’Arc~en~Ciel ?

Kyary Pamyu Pamyu (Japan Expo 2012)

Je pense que pour le coup, ce sera le cas pour les concerts de Kyary Pamyu Pamyu. On se disait que ce serait bien et au final, c’est une demande qui vient directement du management qui nous a dit qu’ils aimeraient faire des dates en Europe. Je n’ai pas encore vérifié sur le site officiel, mais je pense que cela va être traité ainsi, comme une tournée mondiale incluant la date en France et en Belgique, ainsi que d’autres dates ailleurs, car je sais qu’ils sont en train de booker des dates notamment en Asie. C’est vraiment leur objectif : faire une tournée mondiale. Et puis des groupes de rock l’ont fait, alors pourquoi pas des idols ? Après, s’ils ne l’ont pas fait jusqu’à présent, je ne sais pas la raison derrière... Cela peut être double : soit ils se disent qu’en mettant ces dates de côté, ils ne communiquent pas dessus auprès des fans japonais pour que les fans locaux qui sont moins... au taquet (rires) que certains fans japonais aient plus de chances d’acheter les places.
Parce que là où il faut aussi être mesuré dans la communication au Japon même, c’est qu’on a souvent un public de fans extrêmement passionnés et prêts à les suivre au bout du monde. Pour reprendre ce que je disais à un moment sur le fait qu’on propose des évènements très ponctuels et qui durent peu, même si l’on veut “vendre des billets”, notre objectif n’est pas de vendre tous ces billets aux fans japonais qui auront payé un billet d’avion ou qui se seront saignés pour voir un concert qu’ils ont déjà vu au Japon, c’est vraiment de rendre l’artiste accessible aux fans locaux, français, européens ou pays limitrophes. Bien entendu on ne va pas refuser l’entrée à des fans japonais, ce n’est pas mon propos, mais quand on fait venir des artistes japonais idols ou autres, le but est vraiment de créer un contact avec le public local. Parce que c’est aussi enrichissant pour l’artiste : ce n’est pas le même public qu’au Japon, les gens ne fonctionnent pas pareil... Eux-mêmes ne peuvent pas communiquer en japonais la plupart du temps donc ils cherchent un autre moyen de faire communion avec le public et c’est enrichissant pour eux aussi. De notre côté, c’est cela qui nous motive.
C’est vraiment un avis personnel, ce n’est pas comme si un management me l’avait dit clairement, mais je pense que ne pas intégrer des dates européennes ou d’autres pays dans la liste de dates japonaises, je me demande s’il y a pas de ça derrière. Sinon, s’il n’y a pas ce côté, il faut aussi voir que si elles vont en France, c’est pour rencontrer les fans locaux et non pour avoir un concert déjà vu à Tōkyō avec les fans de là-bas. Même si le management et les artistes ont énormément de gratitude envers ces fans-là, il y a tellement de fans... C’est un peu comme les dédicaces, on ne peut pas rencontrer tout le monde. Lorsqu’il y a des fans japonais, je trouve ça intéressant aussi pour les Français parce que des échanges se créent. Des gestes typiquement japonais se diffusent, je trouve cela rigolo. Mais je pense que si jamais on faisait un concert d’idol japonaise et que je constatais que dans la salle, il n’y a que des fans japonais, je serais perplexe. Je me dirais “à quoi bon ?”, que j’ai raté quelque chose et serais triste pour les fans français ou européens. À titre personnel, je préfère faire mon travail comme ça.

Cela me rappelle la venue des PASSPO☆ à Japan Expo, il y avait eu un petit problème avec les fans japonais sur une séance de dédicace. Le staff l’avait fait arrêter alors qu’elle venait à peine de débuter, simplement parce que le fan club japonais n’en avait pas été informé...

PASSPO☆ (JapanExpo 2011)

C’est vraiment très délicat la thématique des fans. Personnellement, cela m’est arrivé sur d’autres concerts et artistes qu’on me dise : “ah non, faut pas faire ça parce sinon on va se faire huer par les fans, haïr par les fans. Et c’est quand même eux qui nous permettent de vivre donc voilà, on doit faire attention”. C’est particulièrement sensible comme thématique, car il faut ménager la chèvre et le chou comme on dit. Pour citer un exemple, je crois que c’était pour un CD ... je voulais faire un truc spécial, coffret, etc. comme j’avais fait pour MUCC. Je ne voulais pas faire une copie du CD japonais, je souhaitais mettre du bonus. Je leur avais dit qu’en France, c’est bien s’il y a donc du bonus quand on sort un CD, même s’ils avaient alors une approche différente au Japon. Maintenant ils en font de plus en plus : quand ils sortent trois versions du même single avec des bonus différents, on s’en rapproche quelque peu ... Mais à l’époque on m’avait dit : “Ah non, il ne faut pas faire quelque chose de trop bien, ou de beaucoup mieux que ce que l’on fait nous en tout cas, car sinon, les fans japonais ne vont pas être content !” Cela m’avait scotché. Ils te demandent de faire un projet moyen, de rendre un produit moyen, pour ne pas fâcher les fans ...
D’ailleurs il y a aussi des problématiques dans cet ordre d’idée avec des fans français. J’avais discuté avec un extrémiste justement, qui ne voulait acheter que des produits japonais. Pourquoi m’embêter dans ce cas ? Achète donc des produits japonais ! Et puis finalement il m’avais acheté mon super coffret de MUCC parce que je lui avais expliqué pourquoi j’avais fait ça. Je lui avais par exemple demandé s’il pouvait lire les paroles en japonais. Alors qu’il tentait de répondre vaguement positivement, je lui ai demandé s’il pouvait comprendre les paroles en japonais. Il m’avait alors acheté le coffret. Après, c’est quand même un gros travail de faire de la transcription et surtout de la traduction, du coup on ne le fait pas toujours. En fait je m’étais dit, à choisir entre la traduction et la transcription, je choisis la transcription. Parce que comme ça, les fans peuvent chanter en concert et cela impressionne les artistes à chaque fois : “ils savent chanter en japonais”. Et ils le disent en interview tel quel d’ailleurs. Puis quand ils rentrent au Japon, ils disent: “en fait, les Français parlent japonais”.

C’est ainsi que s’achève cet entretien. Nous tenons tout particulièrement à remercier Sahé Cibot pour nous avoir accordé autant de temps ainsi que pour nous avoir accueilli dans les locaux de Soundlicious dans ce but. Cette rencontre est désormais disponible sous la forme d'un unique article et via notre page dédiée aux interviews et Live Report.

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